• Jaguar

    Jaguar

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    Jaguar
     Jaguar (Panthera onca)
    Jaguar (Panthera onca)
    Classification classique
    Règne Animalia
    Embranchement Chordata
    Sous-embr. Vertebrata
    Classe Mammalia
    Sous-classe Theria
    Infra-classe Eutheria
    Ordre Carnivora
    Sous-ordre Feliformia
    Famille Felidae
    Genre Panthera
    Nom binominal
    Panthera onca
    (Linnaeus, 1758)
    Répartition géographique
    Aire de répartition actuelle et ancienne du jaguar
    Aire de répartition actuelle et ancienne du jaguar

         /   Zone d'habitat abandonnée
         /   Zone d'habitat actuelle

    Statut de conservation IUCN :

    NT  : Quasi menacé
    Schéma montrant le risque d'extinction sur le classement de l'IUCN.

    Statut CITES : Annexe I ,
    Révision du 01-07-1975

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    Le jaguar (Panthera onca) est un mammifère carnivore, apparenté au léopard et de la famille des félidés. C'est l'un des quatre « grands chats » dans le genre Panthera, avec le tigre, le lion et le léopard mais le seul du Nouveau Monde. Le jaguar est le troisième plus grand félin après le tigre et le lion, et en moyenne le plus grand et le plus puissant félin de l'hémisphère Ouest. L'aire de répartition actuelle du jaguar s'étend du Mexique à travers la majeure partie de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud au nord de l'Argentine et au Paraguay. Hormis des errances occasionnelles de jaguars originaires du Mexique, le jaguar est une espèce extirpée des États-Unis depuis le début des années 1970.

    Ce félin tacheté ressemble physiquement le plus étroitement au léopard, mais il est généralement plus grand et plus robuste et son habitat et son comportement ont des caractéristiques plus proches de celles du tigre. Alors que la forêt tropicale dense est son habitat préféré, le jaguar s'accommode d'une large variété de forêts et de terrain ouvert. Il est fortement associé à la présence de l'eau et est remarquable, avec le tigre, comme un félin qui aime nager. Le jaguar est prédateur très solitaire, traque et embusque, tout en étant opportuniste dans la sélection des proies. C'est aussi un superprédateur qui joue un rôle important dans la stabilisation des écosystèmes et la régulation des populations qu'il chasse. Le jaguar a développé une puissance exceptionnelle à mordre, même par rapport aux autres grands félins[1]. Cela lui permet de percer les coquilles ou carapaces des reptiles et d'employer une méthode de mise à mort inhabituelle : il mord directement dans le crâne de sa proie entre les oreilles pour mettre à mort rapidement en livrant un coup fatal au cerveau[2].

    Le jaguar est une espèce quasi menacée (NT) selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) et ses effectifs sont en baisse. Les menaces comprennent notamment la destruction de son habitat plus ou moins liée à la fragmentation écopaysagère. Alors que le commerce international des jaguars ou de leurs dérivés, est interdite, le jaguar est encore régulièrement tués par les Humains, en particulier lorsqu'il arrive en conflit avec les éleveurs et les agriculteurs en Amérique du Sud. Bien que réduite, son aire de répartition reste large. Compte tenu de sa répartition historique, le jaguar a figuré en bonne place dans la mythologie de nombreuses cultures amérindiennes, y compris celle des Mayas et des Aztèques.

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    Étymologie [modifier]

    Le mot jaguar provient de l'une des langues tupi-guarani, probablement du dialecte utilisé par les Tupis pour le commerce avec les Européens (pidgin), en passant par le portugais jaguar[3]. Le mot tupi yaguara, qui veut dire « bête », parfois traduit par « chien »[4],[5] est utilisé pour tout mammifère carnivore[6] ; le mot précis pour le jaguar étant yaguareté, avec le suffixe eté ayant pour sens « réel » ou « vrai »[3],[6],[7].

    Le première partie de sa désignation taxonomique, Panthera, vient du latin et formé du mot grec πάνθηρ désignant le léopard, l'espèce type qui définit le genre. Cela semble dérivé de παν-, « tous », et θήρ, « bête », bien que cela puisse être une étymologie populaire[8], ou bien même d'être en fin de compte à l'origine sanskrit, de pundarikam, le mot sanskrit pour « tigre »[9].

    Onca est le mot portugais et espagnol onça, avec la cédille abandonné pour des raisons typographique en anglais comme ounce ou once en français pour le léopard des neiges (Uncia uncia). Cela dérive du latin lyncea (lynx), avec le el confondu avec l'article défini (italien : lonza)[10].

    Dans de nombreux pays d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud, le jaguar est considéré comme le el tigre (« le tigre »).

     

    Taxinomie [modifier]

    Le jaguar est le seul membre du genre Panthera existant au Nouveau Monde. Son étude ADN montre que le lion (Panthera leo), le tigre (Panthera tigris), le léopard (Panthera pardus), le jaguar (Panthera onca), l'once (Uncia uncia) et la panthère nébuleuse (Neofelis nebulosa) partagent un ancêtre commun et que ce groupe ancestral se situe entre six et dix millions d'années[11]. Les preuves fossiles estiment l'émergence du genre Panthera à 2 ou 3,8 millions d'années[11],[12].

    Les études phylogénétiques ont montré que généralement la panthère nébuleuse est à la base de ce groupe[11],[13],[14],[15]. La position des autres espèces varie entre les études et est encore en suspens. De nombreuses études placent l'once dans le genre Panthera[11],[13],[15], mais il n'y a pas de consensus sur le fait que le nom scientifique de cet animal devraient rester Uncia uncia[16],[17] ou être changé en Panthera uncia[11],[13],[14],[15].

    Sur la base de données morphologiques, le zoologue britannique Reginald Innes Pocock a conclu que le jaguar est le plus étroitement liés au léopard[15]. Toutefois, l'ADN n'apporte pas de preuve sur la position du jaguar par rapport aux autres espèces et cela varie entre les études[11],[13],[14],[15]. Les fossiles d'espèces éteintes Panthera, comme le jaguar européen (Panthera gombaszoegensis) et le lion américain (Panthera atrox), montrent à la fois les caractéristiques du lion et du jaguar[15]. L'analyse de l'ADN mitochondrial du jaguar date l'apparition de l'espèce entre 280 000 et 510 000 ans, c'est-à-dire plus tard que le suggère les fossiles[18].

     

    Sous-espèces [modifier]

    La dernière délimitation taxonomique de l'espèce a été réalisée par Reginald Innes Pocock en 1939. Sur la base des origines géographiques et de la morphologie du crâne, il a reconnu huit sous-espèces. Toutefois, il n'avait pas accès à suffisamment de spécimens pour évaluer de manière claire toutes les sous-espèces et il a exprimé des doutes sur plusieurs d'entre-elles. Ultérieurement, l'examen de son travail a indiqué que seules trois sous-espèces devaient être évoquée[19].

    Bien que de nombreuses sous-espèces du jaguar ont été déterminé, les études les plus récentes en suggèrent que trois. Les barrières géographiques, comme l'Amazone, limite la distribution des gênes dans l'espèce.

    Des études récentes ont également échoué à trouver des preuves de sous-espèces bien définies et ne sont plus reconnus[20]. En 1997, Shawn Larson a étudié la variation morphologique du jaguar et a montré qu'il y a un cline (variation) dans population selon l'axe nord-sud, mais aussi que la différence est parfois plus grande qu'entre les populations des prétendues sous-espèces, et donc ne justifie pas l'affirmation de sous-espèces différentes[21]. Une étude génétique par Eduardo Eizirik et al. a en 2001, confirmé l'absence d'une sous-structure géographique claire, mais ils ont constaté que les principaux obstacles géographiques tels que l'Amazone, limitait l'échange de gènes entre les différentes populations[18]. Une autre étude plus détaillée a confirmé cette prévision de la structure dans la population des jaguars de Colombie[22].

    Les sous-espèces de Pocock sont encore régulièrement utilisées[23], et selon Mammal Species of the World, il existe neuf sous-espèces du jaguar[24], ajoutant au huit de Pocock le Panthera onca paraguensis, lequel fut d'abord spécifiée par des fossiles puis des animaux vivants[19] :

    • Panthera onca onca (Linnaeus, 1758) : Venezuela, sud et est du Rio Grande do Sul au Brésil
    • Panthera onca arizonensis (Goldman, 1932) dit « jaguar de l'Arizona » : de l'Ouest de l'Arizona à la Sonora
    • Panthera onca centralis (Mearns, 1901) dit « jaguar de l'Amérique centrale » : du Salvador à la Colombie
    • Panthera onca goldmani (Mearns, 1901) dit « jaguar de Goldman » : de la péninsule du Yucatán à Belize et au Guatemala
    • Panthera onca hernandesii (Gray, 1857) dit « jaguar du Mexique » : ouest du Mexique
    • Panthera onca palustris (Ameghino, 1888) : Paraguay et Nord-Est de l'Argentine
    • Panthera onca paraguensis (Hollister, 1914) : Paraguay et Nord-Est de l'Argentine
    • Panthera onca peruviana (de Blainville, 1843) dit « jaguar du Pérou » : côtes du Pérou
    • Panthera onca veraecruscis (Nelson & Goldman, 1933) : centre du Texas et Sud-Est du Mexique

    Plus récemment, le chercheur K.L. Seymore ne sépare lui ces sous-espèces qu'en trois Panthera onca onca, Panthera onca hernandesii et Panthera onca palustris[19].

    Désormais, les progrès des techniques d'investigation génétique permettent de déterminer les relations entre familles et espèces. Le jaguar apparaît comme le seul grand carnivore ayant une aire de répartition très étendue mais pas de sous-espèce. Autrement dit, les jaguars ont mélangé leurs gènes pendant des millénaires, et des individus du Nord du Mexique s'avèrent identiques à ceux du Sud du Brésil ; résultat possible uniquement par des échanges réguliers entre des groupes très éloignés les uns des autres[25].

     

    Physique et comportement [modifier]

     

    Caractéristiques physiques et physiologiques [modifier]

    Gueule du jaguar

    Le jaguar est un animal compact et bien musclé. Il existe d'importantes variations de taille parmi sa population, le poids étant généralement dans une fourchette entre 56 et 96 kg. Les mâles les plus lourds ont été mesurés à 159 kg[26], ce qui correspond environ au poids d'une tigresse ou d'une lionne, et les plus petits mâles connus ont un poids extrêmement faible de 36 kg. Les femelles sont généralement plus petites que les mâles de 10 à 20 %. La longueur du jaguar varie de 1,62 à 1,83 m, et sa queue peut faire 75 cm en plus. L'animal fait environ 67 à 76 cm de hauteur au garrot[27].

    D'autres variations de taille ont été observés selon les régions et les habitats, la taille de l'animal tendant à augmenter plus au nord qu'au sud et étant décroissant selon cet axe. Une étude du jaguar dans la réserve de biosphère de Chamela-Cuixmala sur la côte mexicaine de l'océan Pacifique, a montré des tailles de seulement 30 à 50 kg, soit à peu près la taille du puma[28]. En revanche, une étude des jaguars dans la région du Pantanal brésilien trouve une moyenne des poids de 100 kg[29]. Les jaguars de forêt sont souvent plus sombre et beaucoup plus petits que ceux qu'on trouve dans les espaces ouverts, probablement en raison du moins grand nombre de proies herbivores dans les zones forestières[30].

    La structure courte et trapue du jaguar fait de lui un animal très habile à l'escalade, l'exploration et la natation[27]. La tête est robuste et la mâchoire extrêmement puissante. Il a été suggéré que la morsure du jaguar est la plus forte de tous les félidés ; cette force permettant même de percer les carapaces de tortues[2]. Une étude comparative de la force de la morsure en fonction de la taille du corps classe le jaguar comme le meilleur félidé, ex-æquo avec de la panthère nébuleuse mais devant le lion et le tigre[31]. Il a été rapporté qu'un jaguar « peut traîner un taureau de 360 kg sur 8 m dans ses mâchoires et pulvériser même les os plus robuste[32] ». Le jaguar chasse des animaux sauvages pouvant peser jusqu'à 300 kg dans la jungle dense, et son physique court et robuste est donc une adaptation à ses proies et son environnement.

    Détail du pelage

    Le pelage du jaguar est généralement jaune tacheté, mais peut aller du brun au noir. L'animal est couvert de rosettes de camouflage pour la jungle, son habitat. Les taches varient sur l'individu même et entre les individus : les rosettes peuvent inclurent un ou plusieurs points, et la forme des points varie. Les taches sur la tête, du cou et de la queue sont généralement bien distinctes des autres taches, mais sur le corps, celles-ci « fusionnent » parfois pour former une bande. Le dessous de l'animal, la gorge et la surface extérieure de la jambe et le bas des flancs sont blanc[27].

    Les formes mélaniques (plus ou moins noires) du jaguar sont peu communes

    Les formes mélaniques existent dans l'espèce. La forme mélanique avancée touche environ six pour cent de la population[33], et est donc moins courante que la forme plus tachetée signalée sur les jaguars d'Amérique du Sud, et est le résultat d'un allèle dominant[34]. Les jaguars avec la forme mélanique avancée semblent entièrement noirs, mais leurs taches sont encore visibles si l'on regarde attentivement. Les jaguars touchés par le mélanisme profond sont officieusement connu sous le nom de « panthères noires », mais ne forment pas une espèce distincte. Les individus touché par l'albinisme, parfois appelé « panthères blanches », sont rares mais existent chez les jaguars, comme chez les autres grands félins[30].

    Le jaguar ressemble au léopard mais il est plus gros et plus lourd. Les deux animaux peuvent être distinguées par leurs rosettes, celles du jaguar étant plus grandes, moins nombreuses, généralement plus sombres et ont des lignes plus épaisses et de petites taches dans le milieu que le léopard n'a pas. Les jaguars ont également plus la tête arrondie et courte que le léopard[35].

     

    Reproduction et cycle de vie [modifier]

    Les femelles atteignent la maturité sexuelle à l'âge de deux ans et les mâles à trois ou quatre. Le jaguar est considéré comme actif tout au long de l'année dans la nature, bien que les naissances peuvent augmenter lorsque les proies sont abondantes[36]. Les recherches sur les mâles en captivité confirment l'hypothèse de l'accouplement toute l'année, sans variation saisonnière dans le sperme et la qualité de l'éjaculation[37]. Un faible taux de reproduction a également été observée en captivité[37]. L’œstrus de la femelle est de 6 à 17 jours sur un cycle de 37 jours, et la femelle indique sa période de fécondité avec des marques urinaires et l'augmentation des grognements[36].

    Les couples se séparent après l'acte, et la femelle prend la responsabilité entière des petits. La période de gestation dure de 93 à 105 jours et les femelles donnent naissance de deux à quatre petits, plus souvent deux. La mère ne tolère pas la présence des mâles après la naissance des petits, par peur du cannibalisme, comportement qui se retrouve également chez le tigre[38].

    Les jeunes pèsent entre 700 et 900 grammes à leur naissance. Ils sont aussi aveugles et n'ouvrent les yeux qu'après deux semaines après leur naissance. Ils sont sevrés à trois mois et à six mois ils commencent à chasser avec leur mère[39]. Cet apprentissage se poursuivra en compagnie de leur mère pendant un à deux ans avant que les petits quittent leur mère pour avoir leur propre territoire. Les jeunes mâles sont d'abord nomades, rivalisant avec leurs homologues plus âgés jusqu'à ce qu'ils parviennent à revendiquer un territoire propre. L'espérance de vie dans la nature est estimée à environ 12-15 ans, et en captivité, le jaguar vit jusqu'à 23 ans, ce qui le place parmi les félins avec la plus grande longévité[29].

     

    Activité sociale [modifier]

    Jaguar au repos

    Comme la plupart des félins, le jaguar est solitaire dès qu'il quitte sa mère. Les adultes se réunissent généralement seulement pour la cour et la reproduction, bien que des tentatives de socialisation ont été observées de façon anecdotique[38], et occupent de vastes territoires. La superficie du territoire des femelles est généralement de 25 à 40 km2, les territoires des femelles peuvent se chevaucher même si les individus s'évitent les uns des autres en général. Le territoire des mâles couvre à peu près deux fois plus d'espace que celui des femelles et sa taille varie avec la disponibilité des proies et de l'espace ; les territoires des mâles ne se chevauchent pas[38],[40]. Les marques de griffes et les dépôts d'urine et d'excréments sont utilisés pour marquer le territoire[41].

    À l'instar des autres grands félins, le jaguar est capable de rugir et permet de mettre en garde à distance les autres individus sur les questions territoriale et d'accouplement. Le mâle peut le faire avec plus de force que la femelle. Des épisodes intenses d'échanges entre les individus ont déjà été observés dans la nature[42]. Leur vocalisation ressemble souvent à une toux répétitive ou des appels brefs et profonds, et les jaguars peuvent également faire des miaulement, des grognements[29], des grondements et des soufflements. Cette vocalisation est assez semblable à celle du léopard. Les combats entre mâles pour l'accouplement sont rares, et des comportements d'évitement ont été observés dans la nature[41]. Quand un combat se produit, le conflit est habituellement pour le territoire. Un territoire de mâle peut englober celui de deux ou trois femelles, et il ne tolère pas les intrusions d'autres mâles adultes[38].

    Le jaguar est souvent décrit comme un animal nocturne, mais il est plus spécifiquement crépusculaire, c'est-à-dire avec un pic d'activité autour de l'aube et du crépuscule. Les individus des deux sexes chassent, mais les mâles se déplacent plus chaque jour que les femelles. Le jaguar peut chasser au cours de la journée si les proies sont disponibles. C'est un félin assez énergétique puisque il est actif 50 à 60 % de la journée[30]. Lorsqu'il ne chasse pas, le jaguar se repose.

    La capacité du jaguar à être discret dans la nature et l'inaccessibilité de son habitat en fait un animal difficile à étudier.

     

    Alimentation [modifier]

    Mâchoire ouverte du jaguar lors d'un bâillement.

    Comme tous les félins, le jaguar est un carnivore, se nourrissant de viande. C'est un chasseur opportuniste et son régime alimentaire comprend 87 espèces[30]. Le jaguar préfère les grandes proies et chassera cervidés, capybaras, tapirs, pécaris, chiens, renards, et parfois même des anacondas et des caïmans. Toutefois, le félin peut manger toutes les petites espèces qu'il peut capturer, y compris les grenouilles, souris, oiseaux, poissons, des paresseux, des singes et des tortues. Il peut également chasser le bétail, y compris les bovins et les chevaux adultes[43], raison pour laquelle il est parfois tué par les éleveurs. Parfois, le jaguar s'attaque au puma, le second plus gros félin du Nouveau Monde.

    Au lieu d'utiliser la technique typique des Panthera, c'est-à-dire la morsure profonde dans la gorge pour provoquer la suffocation, le jaguar préfère une méthode de mise à mort unique parmi les félins : il perce l'os temporal du crâne avec ses canines, transperçant le cerveau. Cela est peut- être une adaptation aux carapaces de tortues, qui après la fin des extinctions du Pléistocène, sont devenus avec d'autres reptiles à carapace, une source abondante de proies pour le jaguar[42],[30]. Cette technique de morsure du crâne est employée particulièrement sur les mammifères, en particulier le capybara. Avec les reptiles comme les caïmans, le jaguar peut sauter derrière sa proie pour rompre ses vertèbres cervicales, immobilisant la cible. Capable de fissurer les carapaces de tortues, le jaguar peut vider la chair[38]. Pour les proies telles que les chiens, un coup de patte pour écraser le crâne peut être suffisant.

    Gueule du jaguar.

    Le jaguar est un prédateur qui aime la traque et les embuscades, plutôt que la chasse conventionnelle. Le félin se promène lentement dans les chemins forestiers, à l'écoute des proies avant de se précipiter dessus ou de faire une embuscade. Le jaguar attaque d'un bond rapide à partir d'un endroit où il est couvert et, en général, d'un angle où la proie ne peut pas le voir. Les capacités de l'espèce à chasser à l'affût sont considérées comme inégalées dans le règne animal à la fois par les peuples autochtones et les chercheurs, et sont probablement le produit de son rôle de prédateur clé dans des environnements très variés. L'embuscade peut être faite dans l'eau car le jaguar est tout à fait capable de transporter une grande proie morte en nageant, sa force étant si importante que des carcasses de vaches peuvent être montées jusqu'en haut d'un arbre pour éviter la montée de l'eau lors d'inondations[38] .

    Une fois la proie morte, le jaguar va traîner la carcasse vers un fourré ou un autre endroit isolé. Il commence à manger le cou et le thorax, plutôt que l'abdomen. Le cœur et les poumons sont consommés, suivis par les épaules[38]. La quantité quotidienne de nourriture consommée par un animal de 34 kg, c'est-à-dire au plus bas de la fourchette de poids de l'espèce, a été estimée à 1,4 kg[44]. Pour les animaux en captivité pesant entre 50 et 60 kg, plus de 2 kg de viande par jour est recommandée[45]. Dans la nature, la consommation est naturellement plus erratique, les jaguars dépensant une énergie considérable à la capture des proies, ils peuvent consommer jusqu'à 25 kg de viande en une fois, suivis par des périodes de famine[46]. Contrairement à toutes les autres espèces dans le genre Panthera, le jaguar attaque très rarement l'homme[47]. La plupart des rares cas où les jaguars se sont tourné contre l'homme montre que l'animal était soit vieux avec des dents endommagées ou blessé[48].

    Ses griffes rétractiles lui sont utiles pour maintenir la proie de ses pattes arrière, pendant que les pattes avant l'étouffent.

     

    Écologie [modifier]

    Jaguar

     

    Aire de répartition [modifier]

    La présence du jaguar est attestée par des fossiles de deux millions d'années[23]. C'est un félin américain depuis le passage du pont terrestre de Béringie au cours de l'époque du Pléistocène. L'ancêtre immédiat de l'animal moderne était plus grand que le félin contemporain[22]. L'aire de répartition historique de l'espèce couvre la plupart du continent américain, néanmoins elle est en net recul.

    Son aire de répartition s'étend du Mexique, à travers l'Amérique centrale et en Amérique du Sud, y compris une grande partie de l'Amazonie, au Brésil[49]. Les pays inclus dans cette aire sont l'Argentine, Belize, Bolivie, Brésil, Colombie, Costa Rica (notamment sur la péninsule d'Osa), Équateur, Guatemala, Guyana, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panamá, Paraguay, Pérou, Suriname, États-Unis et Venezuela. Il est également présent en Guyane. Le jaguar est néanmoins considéré comme une espèce éteinte en Salvador et Uruguay[16]. Il est présent dans les 400 km2 du Cockscomb Basin Wildlife Sanctuary de Belize, les 5 300 km2 de la réserve de biosphère de Sian Ka'an au Mexique, les 15 000 km2 du parc national de Manú au Pérou, les 26 000 km2 du parc indigène du Xingu au Brésil, et de nombreuses autres réserves dans son aire de répartition.

     

    Le cas des États-Unis [modifier]

    Jaguar

    L'inclusion des États-Unis dans la liste des pays de l'aire de répartition du jaguar est basée sur des observations ponctuelles dans le sud-ouest, en particulier dans l'Arizona, le Nouveau-Mexique et Texas. Au début des années 1900, l'aire du jaguar était étendue jusqu'au nord du parc national du Grand Canyon, et aussi loin à l'ouest que la Californie du Sud[44]. Le jaguar est une espèce protégée aux États-Unis en vertu de l'Endangered Species Act de 1973, qui a arrêté la chasse de l'animal pour sa fourrure. En 2004, des fonctionnaires chargés de la faune en Arizona ont photographié des jaguars dans la partie sud de l'État. Pour qu'une population permanente y prospère, la protection face à la chasse, un bon réservoir de proies, et la connectivité avec les populations mexicaines sont essentiels[50]. Le 25 février 2009, un jaguar a été pris et a été relâché dans une zone au sud-ouest de Tucson après la pose d'un collier émetteur de l'Arizona. C'est plus au nord que ce qui avait été précédemment imaginé, et représente un signe d'une probable population permanente de jaguars dans le sud de l'Arizona. Il a été confirmé que l'animal est bien le même individu (nommé « Macho B ») qui a été photographié en 2004 et était à l'époque le plus vieux jaguar connu dans la nature avec ses quinze ans[51]. En mars 2009, ce jaguar qui était cependant le seul repéré aux États-Unis en plus d'une décennie, a été recapturé et euthanasié après la découverte d'une insuffisance rénale chronique chez l'animal. Certains experts estiment que le stress de la capture et la sédation répétée en serait la cause. La mort de « Macho B » est un coup dur concernant la présence du jaguar aux États-Unis[52].

    L'achèvement de la barrière États-Unis-Mexique visant à lutter contre l'immigration illégale pose également à terme un problème sur les populations résidant aux États-Unis en réduisant leur possibilité de migration, l'hétérogénéité des gènes des populations et limitant toute nouvelle expansion de l'espèce vers le nord[53].

     

    Habitat [modifier]

    L'habitat du félin comprend les forêts tropicales de l'Amérique centrale et du Sud qui sont saisonnièrement inondées. Parmi ces habitats, le jaguar préfère une forêt dense[30]. Le félin a rapidement perdu de son aire de répartition dans les régions sèches de son habitat, comme la pampa argentine, les prairies arides du Mexique, et le sud-ouest des États-Unis[16].

     

    Rôle écologique [modifier]

    Mère jaguar attrapant son petit par le cou

    Le jaguar adulte est un superprédateur, ce qui signifie qu'il est au sommet de la chaîne alimentaire et n'est pas lui-même considéré comme une proie dans la nature. Le jaguar est également une espèce clé, car il régule les populations de proies, maintenant l'intégrité de la structure des systèmes forestiers[28],[54].

    Toutefois, déterminer avec précision l'effet des espèces comme le jaguar sur les écosystèmes est difficile, parce que les données doivent être comparées aussi bien à partir de régions où l'espèce est absente que dans ses habitats, tout en contrôlant les effets de l'activité humaine. Il est généralement admis que la population de proies augmente en l'absence de prédateurs, et que cela a des effets négatifs en cascade[55]. Toutefois, le travail de terrain a montré que la variabilité des populations pouvait être naturelle, ainsi, l'appellation espèce clé pour le jaguar n'est pas plébiscitée par tous les scientifiques[56].

    Le jaguar a également un effet sur les autres prédateurs. Le jaguar et le puma, le plus grand félin des Amériques, sont souvent sympatriques et ont souvent été étudiées conjointement. Dans le cas où justement leurs territoires se chevauchent, le puma a un territoire plus petit que la normale et plus petit que celui du jaguar. Le jaguar a tendance à prendre des proies plus grandes et le puma des petites, réduisant la taille de celui-ci[57]. Cette situation peut-être avantageuse pour le puma car la possibilité de prendre des proies est plus large, cela peut lui donner un avantage sur le jaguar dans un habitat altéré par l'homme[28]. Tandis que les deux espèces sont classées comme quasi-menacées, le puma a une aire de répartition nettement plus grande.

     

    Préservation de l'espèce [modifier]

    Jaguar en chasse

    Les populations de jaguars sont en diminution. L'animal est considéré comme une espèce quasi menacée (NT) selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN)[16], ce qui signifie qu'elle peut être menacée d'extinction dans un avenir proche. La perte d'une partie de son aire de répartition géographique, y compris son élimination virtuelle de sa zone d'implantation historique dans les régions du nord et l'augmentation de la fragmentation de son aire de répartition restante, ont contribué à un tel statut. Dans les années 1960, il y eut particulièrement une baisse importante des populations, avec plus de 15 000 peaux de jaguars tirée de l'Amazonie brésilienne par an, avant que la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) de 1973 n'entraîne une forte baisse du commerce de peaux[58]. Des travaux détaillés de la Wildlife Conservation Society révèlent que l'animal a perdu 37 % de son aire de répartition historique, avec un statut inconnu dans 18 % autres. Néanmoins, la probabilité de survie à long terme a été jugé à 70 % dans son aire de répartition restante, en particulier dans le bassin de l'Amazonie : le Gran Chaco et le Pantanal attenant[49].

    Les principaux risques pour le jaguar est la déforestation de son habitat, l'accroissement de la concurrence pour la nourriture avec les êtres humains[16], le braconnage, les cyclones tropicaux dans le nord de son aire de répartition et le comportement des éleveurs qui tuent souvent le félin pour protéger leur troupeau. Lorsqu'il est habitué à la proie, le jaguar fait du bétail une grande partie de son alimentation, tandis que l'utilisation de la terre pour le pâturage est un problème pour l'espèce. Les populations de jaguars auraient pu augmenter quand le bétail a été introduit pour la première fois en Amérique du Sud mais les attaques sur le bétail ont incité les propriétaires d'élevages à embaucher à temps plein de chasseurs de jaguar, qui tirent souvent à vue[29].

    Le Pantanal au Brésil : zone humide appréciée du jaguar.

    Le jaguar est réglementé comme une espèce de l'Annexe I de la CITES : le commerce international de jaguars ou de parties de leurs corps est interdite. La chasse de jaguars est interdite en Argentine, Belize, Colombie, Guyane française, Honduras, Nicaragua, Panama, Paraguay, Suriname, États-Unis, Uruguay et Venezuela. L'exception à la chasse se limite aux « animaux à problèmes » au Brésil, Costa Rica, Guatemala, Mexique et Pérou, tandis que la chasse sportive est toujours autorisée en Bolivie. L'espèce n'a pas de protection juridique en Équateur ou en Guyana[23].

    Les efforts actuels de conservation sont souvent axés sur l'éducation des propriétaires d'élevage et la promotion de l'écotourisme[59]. Le jaguar est généralement défini comme une espèce parapluie : une espèce dont la portée et les besoins en habitat sont suffisamment larges pour que, si elle est protégée, de nombreuses autres espèces plus petites soient aussi protégé[60].

    Compte tenu de l'inaccessibilité de la plupart de l'aire de répartition du jaguar, estimer la population d'animaux est difficile. Les recherches portent généralement sur des régions particulières et donc les analyses sur l'espèce complète sont rares. En 1991, de 600 à 1 000 ont été estimés comme vivants au Belize. Un an plus tôt, de 125 à 180 jaguars ont été estimé comme vivant au Mexique dans le réserve de biosphère de Calakmul, avec 350 autres dans l'État du Chiapas. La réserve de biosphère Maya au Guatemala contiendrait elle de 465 à 550 animaux[61] Les travaux utilisant la télémétrie GPS en 2003 et 2004 ont montrés qu'il y avait seulement six à sept jaguars pour 100 km2 dans la région du Pantanal, comparativement au dix à onze en utilisant les méthodes traditionnelles, ce qui suggère que les méthodes d'échantillonnage anciennement utilisées pourrait surestimer le nombre réel de félins[62].

    Le 7 janvier 2008, le directeur de l'United States Fish and Wildlife Service a approuvé une décision sans précédente de l'administration Bush pour renoncer à l'objectif fédéral de la réintégration du jaguar aux États-Unis malgré l'Endangered Species Act de 1973. Cette décision, première du genre dans l'histoire de l'Endangered Species Act, est pour certains détracteurs le sacrifice de l'espèce par le gouvernement pour pouvoir développer sans contrainte la barrière États-Unis-Mexique[63]. Ceci est cependant discuté par l'administration Obama[64].

    Plus récemment, un projet international nommé Paseo del jaguar (« passage du jaguar ») a pour but d'identifier et de préserver les liaisons entre les zones de populations du Mexique à l'Argentine pour préserver l'espèce de l'extinction[25]. En effet, le jaguar a de grandes difficultés à vivre dans un habitat restreint, sans pouvoir migrer pour se reproduire[25].

     

    Dans la mythologie et la culture [modifier]

     

    Amérique précolombienne [modifier]

    Icône de détail Article détaillé : Jaguar dans la culture mésoaméricaine.
    La figure hybride de l'Art olmèque : l'homme-jaguar.
    Guerrier jaguar aztèque

    Dans la civilisation précolombienne, le jaguar est depuis longtemps un symbole de puissance et de force. Parmi les cultures andines, un culte du jaguar diffusé par le début de la culture de Chavín fut accepté vers 900 dans ce qui est aujourd'hui le Pérou. La culture Moche de la côté nord du Pérou utilisa le jaguar comme un symbole de pouvoir sur un grand nombre de leurs céramiques[65].

    En Mésoamérique, les Olmèques développèrent l'« homme-jaguar », une sorte de motif sculptural et de figuratif illustrant des jaguars stylisés ou des êtres humains avec des caractéristiques du jaguar. Par la suite, dans la civilisation maya, le jaguar était le réceptacle de croyances qui le faisait un facteur facilitant la communication entre les vivants et les morts, et comme le protecteur de la maison royale. Les Mayas ont vu ces puissants félins comme leurs compagnons dans le monde spirituel, et un certain nombre de dirigeants mayas portaient des noms qui intègre le mot maya pour le jaguar, b’alam dans la plupart des langues mayas. Les Aztèques partagèrent cette image du jaguar en tant que représentant du roi et comme un guerrier. Les Aztèques ont formé une classe des guerriers d'élite connus sous le nom de guerrier jaguar. Dans la religion aztèque, le jaguar était considéré comme l'animal totem de la puissante divinité Tezcatlipoca.

     

    La culture contemporaine [modifier]

    Le jaguar est largement utilisé comme un symbole dans la culture contemporaine. Le jaguar est l'emblème national du Brésil[réf. nécessaire]. En juillet 2007, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a présenté une liste de quatre animaux (jaguar, le loup à crinière, le paresseux à crinière et le perroquet bleu) qui doivent être préservées. Le jaguar a toujours eu une grande importance au Brésil, où les Amérindiens utilisaient notamment sa graisse. Ils estimaient qu'elle leur donner beaucoup de courage, et lui vouaient un rôle magique[réf. nécessaire].

    Le jaguar est également l'animal symbole du Guyana et figure dans ses armoiries[66]. Il est largement utilisé comme un nom de produit, notamment au féminin en français pour désigner le produit d'une marque de voiture de luxe. Le nom a été adopté par les franchises de sport, y compris les Jaguars de Jacksonville de la National Football League et les Jaguares de Chiapas dans le championnat du Mexique de football. Le logotype de la Fédération argentine de rugby à XV utilise l'image du jaguar, même si, en raison d'une erreur journalistique, l'équipe est surnommée Los Pumas (« les Pumas »).